Clemenceau: Chirac contraint à un repli en catastrophe

Publié le par bd

 

 Jacques Chirac a été contraint mercredi d'ordonner le rapatriement du Clemenceau, après le hola mis par le Conseil d'Etat au voyage de l'ex-porte-avions vers l'Inde, pour mettre fin à un feuilleton qualifié de fiasco par l'opposition.

Pour la plus grande satisfaction des organisations écologistes et anti-amiante qui ont combattu son départ de France, le navire désarmé et son remorqueur hollandais doivent faire demi-tour dans les heures ou les jours qui viennent dans l'océan Indien, a annoncé la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie.

Le bâtiment reprendra la route de la France via le cap de Bonne-Espérance, évitant le canal de Suez qui lui avait valu attentes et avanies, pour rejoindre en trois mois le port militaire de Brest (Finistère).

Le président de la République a tranché, annonçant sa décision moins d'un demi-heure après la suspension, par la plus haute juridiction administrative française, du transfert du »Clem» vers un chantier du Gujarat.

C'est là que devait être achevé son désamiantage et mené à bien son démantèlement.

Cette suspension du Conseil d'Etat est contraignante et sans appel.

Le retour a été annoncé à trois jours d'une visite d'Etat du président français en Inde. Ce dernier avait fait savoir mardi qu'il reprenait en mains ce dossier géré jusque-là par la Défense.

M. Chirac a aussi demandé une contre-expertise sur l'amiante présent dans le navire, alors que la polémique a fait rage sur les tonnes de produits amiantés demeurant à bord du bâtiment géant.

Désarmé depuis 1997 après 36 ans de service, le Clem avait commencé d'être désamianté dans son port d'attache, Toulon.

Le navire va demeurer dans le port militaire de Brest »jusqu'à ce qu'une solution définitive soit trouvée pour le démantèlement», selon l'Elysée.

Parti le 31 décembre de Toulon, il se trouve dans les eaux internationales de l'Océan indien, à une quinzaine de journées de mer de l'Inde.

Jacques Chirac a souhaité également que la question du démantèlement de navire tels que le »Clem» soit abordée »avec nos partenaires européens», en vue de l'établissement de »normes mondiales rigoureuses».

Dans la foulée, le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé une prochaine réforme des »procédures applicables à l'exportation» des anciens matériels de guerre. Une »mission interministérielle» planchera sur le traitement des navires civils et militaires en fin de vie.

Mme Alliot-Marie entend pour sa part réunir ses homologues européens pour réfléchir au démantèlement.

Bruxelles précisément s'est félicitée de la décision »très sage» des autorités françaises.

Le Conseil d'Etat avait été saisi en urgence par quatre associations de défense de l'environnement dont Greenpeace.

Elles ont espéré que ces développements allaient pousser à la mise en place d'une filière de démantèlement française et européenne.

La décision a été qualifiée de »camouflet au gouvernement» par le numéro un PS François Hollande qui a réclamé »une enquête complète sur cette affaire d'Etat». Laurent Fabius (PS) avait dès la mi-janvier réclamé le retour du Clem.

Mais à Bombay, l'industriel qui devait prendre en charge le démantèlement du navire a vu dans cette volte-face un »coup dur pour l'industrie indienne des chantiers navals».

Mme Alliot-Marie a estimé à 1 million d'euros le coût du retour, pris en charge par l'Etat, tandis que la société SDI chargée du tractage aller a évalué à 2,5 millions de dollars le coût de ce premier voyage.

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